lundi 1 août 2016

La Voulte a trahi!

Bonjour à tous.

Inutile de vous décrire l'ampleur de notre surprise, d'abord, et de notre déception, ensuite, quand vendredi 29 juillet, à la réunion de la CDCI (commission départementale de coopération intercommunale), le préfet a d'emblée annoncé que le vote des communes de la CAPCA et du Pays de Vernoux avait été favorable à leur fusion. Pas d'opposition, donc pas de débat : circulez, y a rien à voir !

Tous les calculs, la veille encore, paraissaient pourtant clairs : les communes représentant la majorité de la population des deux intercommunalités avaient forcément voté contre... Et pourtant, environ 5 000 personnes manquaient à l'appel du décompte final. Que s'était-il passé?

Après brève enquête et vérification, ce sont les 5 120 habitants de La Voulte qui faisaient défaut. La Voulte ? Oui, La Voulte, dont le maire, Bernard Brottes, avait été un des plus virulents pourfendeurs de cette fusion. Celui qui, fin mai (lire article du Dauphiné Libéré ci-dessous), avait même demandé s'il faudrait "un 49-3 pour imposer le Pays de Vernoux au sein de la CAPCA?"


Ce Bernard Brottes qui avait déjà entraîné son conseil municipal, le 14 décembre dernier, à s'opposer, à une très confortable majorité (19 "non" - dont le sien- contre 4 "oui" et 6 abstentions), au schéma préfectoral. Déclarant alors "qu'il s'est positionné contre cette intégration de Vernoux dans la CAPCA", précisant "qu'il est en désaccord avec la méthode utilisée, le préfet ayant décidé arbitrairement d'intégrer Vernoux." Il ajoutait: "De plus, pour avoir recueilli l'avis des maires des communes concernées, il semble qu'ils auraient majoritairement préféré rejoindre Saint-Péray."
Ce maire en qui on pouvait donc avoir toute confiance pour dresser jusqu'au bout un rempart contre les visées de ceux qui pourraient faire passer leurs intérêts partisans et personnels avant l'intérêt général...

Eh bien c'est ce maire, Bernard Brottes, qui a tout simplement « oublié » d'inscrire à l'ordre du jour de son conseil municipal la seconde délibération, celle sur la fusion CAPCA-Pays de Vernoux, celle dont le résultat était décisif pour contrecarrer les desseins du préfet. Une abstention qui équivaut, selon les termes de la loi, à une approbation.   
Qu'est-ce qui a pu pousser M.Brottes à cette « voulte-face », cette désertion en rase campagne, cette trahison en un mot, alors qu'il se répandait en déclarations incendiaires contre ce diktat?
Dans son proche entourage, on noie le poisson, en faisant mine de découvrir ce couac, en expliquant que le "non" de M. Brottes reposait finalement plus sur la forme que sur le fond...

Il n'est évidemment pas question d'insinuer que cette défection est liée à ses récents appels à la générosité du conseil départemental de M. Saulignac (et Mme Finiels) ou à la réserve parlementaire de M. Terrasse pour subventionner plusieurs dossiers de sa municipalité...
Loin de nous la pensée qu'il pourrait alors s'agir de l'improbable mariage (même si les mariages ardéchois, en ce moment, sont souvent improbables...) de la carpe socialiste et du lapin chasseur : non, braves gens, comment imaginer que le PS, même aux... abois, partage sa gibecière avec une figure de « Chasse, pêche, nature et traditions » ? Impossible de supposer une telle vilenie, alors que cette recomposition des intercommunalités est conçue uniquement pour le bien commun et ouvrir les plus radieuses perspectives. D'ailleurs, ce préfet cordial et avenant, qui salue tout un chacun, caresse les chiens et pleure aux enterrements, ce M. Triolle est le gage vivant qu'aucune entourloupe n'a pu venir troubler l'indépendance, la justesse et la pertinence de ses décisions. Allez humer l'air de Privas pour vous convaincre que l'avenir de notre territoire est, là-bas, entre des mains parfaitement compétentes, impartiales et visionnaires. Mieux : quel honneur que « l'agglomération Centre-Ardèche » daigne nous accueillir, nous les déshérités du plateau, au sein de son périmètre enchanteur, sous sa coupe éclairée ! Applaudissons des deux mains l'initiative conjointe des représentants de l'Etat et des édiles voultains, soudain touchés par une grâce inespérée, pour guider notre chemin vers un bonheur rare et partagé qui, sans leur intervention miraculeuse, nous aurait échappé !
Admirons une fois de plus le talent de nos adversaires qui, sans l'ombre du soupçon d'un commencement d'arrangement entre coquins de circonstance, sans jamais céder à la moindre facilité du clientélisme, nous donnent une leçon politique, à leur sauce toujours plus savoureuse, de premier ordre ! Dans cet art culinaire, ils auront donc toujours une louche d'avance !

Puisqu'il nous aurait fallu La Voulte pour entraver la volonté de l'Etat, tournons cette page qui, de toute façon, aurait difficilement pu être écrite différemment. 
Le baroud d'honneur des élus d'opposition de la CAPCA (lire les articles du Dauphiné Libéré ci-dessous) n'a donc pas pu trouver plus d'écho qu'un rappel, en séance, de Michel Valla, le maire de Privas.






















Et si d'autres, comme Lamastre et Saint-Félicien ont pu faire entendre leurs arguments et obtenir gain de cause grâce à une unanimité sans faille transcendant toutes les divergences dont nous n'avons pas su, pour notre part, nous dépêtrer, la triste expérience du Val d'Ay, peut-être la seule intercommunalité de France à sortir plus petite (amputée de Quintenas et Ardoix) qu'elle n'était entrée dans cette phase de « regroupements » imposés, rappelle que les populations ont encore subi, après la mascarade des agrandissements des régions, une énième réforme territoriale mal pensée, mal préparée et exécutée dans l'urgence, le boniment, la tromperie et l'opacité. Oui, circulez, y a rien à voir!
Nous en serons donc les victimes, au 1er janvier 2017.
D'ici là, nous nous verrons pour mettre en place un comité de vigilance afin de ne pas se laisser emmener là où nous ne voulons surtout pas aller, pour pointer les éventuels dysfonctionnements, ne pas subir sans réagir, se faire entendre et intervenir. Et pour échafauder un plan B, celui qui nous permettra, à terme, d'échapper au destin incontrôlable que l'égoïsme de nos exécutifs, la complaisance de trop d'élus, le non-respect de leur mandat et l'aveuglement de tant d'autres nous promettent.
Nous aurons l'occasion de rediscuter, à la rentrée, des conséquences de ce choix qu'on nous inflige, des options pour en atténuer les effets néfastes et des éventuelles portes de sortie qu'on pourra dégager.
En attendant et malgré cette inévitable mauvaise nouvelle, profitez de l'été, de la légèreté du mois d'août et de cette courte parenthèse d'insouciance.
Et revenez gonflés à bloc.
Ils n'auront pas notre liberté de penser et d'agir. Notre liberté de citoyens. Jamais.
Bien à vous.
Patrick Lafayette.