Bonjour
à tous.
Inutile
de vous décrire l'ampleur de notre surprise, d'abord, et de notre
déception, ensuite, quand vendredi 29 juillet, à la réunion de la
CDCI (commission départementale de coopération intercommunale), le
préfet a d'emblée annoncé que le vote des communes de la CAPCA et
du Pays de Vernoux avait été favorable à leur fusion. Pas
d'opposition, donc pas de débat : circulez, y a rien à voir !
Tous
les calculs, la veille encore, paraissaient pourtant clairs : les communes
représentant la majorité de la population des deux intercommunalités avaient forcément voté contre... Et pourtant, environ 5 000 personnes manquaient à l'appel du décompte final. Que s'était-il passé?
Après brève
enquête et vérification, ce sont les 5 120 habitants de La Voulte qui faisaient
défaut. La Voulte ? Oui, La Voulte, dont le maire, Bernard
Brottes, avait été un des plus virulents pourfendeurs de cette
fusion. Celui qui, fin mai (lire article du Dauphiné Libéré
ci-dessous), avait même demandé s'il faudrait "un 49-3
pour imposer le Pays de Vernoux au sein de la CAPCA?"
Ce
Bernard Brottes qui avait déjà entraîné son conseil municipal, le
14 décembre dernier, à s'opposer, à une très confortable majorité (19 "non" - dont le sien- contre 4 "oui" et 6 abstentions), au schéma
préfectoral. Déclarant alors "qu'il s'est positionné contre
cette intégration de Vernoux dans la CAPCA", précisant "qu'il
est en désaccord avec la méthode utilisée, le préfet ayant décidé
arbitrairement d'intégrer Vernoux." Il ajoutait: "De plus,
pour avoir recueilli l'avis des maires des communes concernées, il
semble qu'ils auraient majoritairement préféré rejoindre
Saint-Péray."
Ce
maire en qui on pouvait donc avoir toute confiance pour dresser
jusqu'au bout un rempart contre les visées de ceux qui pourraient
faire passer leurs intérêts partisans et personnels avant l'intérêt
général...
Eh
bien c'est ce maire, Bernard Brottes, qui a tout simplement
« oublié » d'inscrire à l'ordre du jour de son conseil
municipal la seconde délibération, celle sur la fusion CAPCA-Pays
de Vernoux, celle dont le résultat était décisif pour contrecarrer
les desseins du préfet. Une abstention qui équivaut, selon les
termes de la loi, à une approbation.
Qu'est-ce
qui a pu pousser M.Brottes à cette « voulte-face »,
cette désertion en rase campagne, cette trahison en un mot, alors
qu'il se répandait en déclarations incendiaires contre ce diktat?
Dans
son proche entourage, on noie le poisson, en faisant mine de
découvrir ce couac, en expliquant que le "non" de M.
Brottes reposait finalement plus sur la forme que sur le fond...
Il
n'est évidemment pas question d'insinuer que cette défection est
liée à ses récents appels à la générosité du conseil
départemental de M. Saulignac (et Mme Finiels) ou à la réserve
parlementaire de M. Terrasse pour subventionner plusieurs dossiers de
sa municipalité...
Loin
de nous la pensée qu'il pourrait alors s'agir de l'improbable
mariage (même si les mariages ardéchois, en ce moment, sont souvent
improbables...) de la carpe socialiste et du lapin chasseur :
non, braves gens, comment imaginer que le PS, même aux... abois,
partage sa gibecière avec une figure de « Chasse, pêche,
nature et traditions » ? Impossible de supposer une telle
vilenie, alors que cette recomposition des intercommunalités est
conçue uniquement pour le bien commun et ouvrir les plus radieuses
perspectives. D'ailleurs, ce préfet cordial et avenant, qui salue
tout un chacun, caresse les chiens et pleure aux enterrements, ce M.
Triolle est le gage vivant qu'aucune entourloupe n'a pu venir
troubler l'indépendance, la justesse et la pertinence de ses
décisions. Allez humer l'air de Privas pour vous convaincre que
l'avenir de notre territoire est, là-bas, entre des mains
parfaitement compétentes, impartiales et visionnaires. Mieux :
quel honneur que « l'agglomération Centre-Ardèche »
daigne nous accueillir, nous les déshérités du plateau, au sein de
son périmètre enchanteur, sous sa coupe éclairée !
Applaudissons des deux mains l'initiative conjointe des représentants
de l'Etat et des édiles voultains, soudain touchés par une grâce inespérée, pour guider notre chemin vers un
bonheur rare et partagé qui, sans leur intervention miraculeuse, nous aurait
échappé !
Admirons
une fois de plus le talent de nos adversaires qui, sans l'ombre du
soupçon d'un commencement d'arrangement entre coquins de
circonstance, sans jamais céder à la moindre facilité du
clientélisme, nous donnent une leçon politique, à leur sauce toujours plus savoureuse, de
premier ordre ! Dans cet art culinaire, ils auront donc toujours une louche d'avance !
Puisqu'il
nous aurait fallu La Voulte pour entraver la volonté de l'Etat,
tournons cette page qui, de toute façon, aurait difficilement pu
être écrite différemment.
Le
baroud d'honneur des élus d'opposition de la CAPCA (lire les articles du Dauphiné Libéré ci-dessous) n'a donc pas pu trouver plus d'écho
qu'un rappel, en séance, de Michel Valla, le maire de Privas.
Et
si d'autres, comme Lamastre et Saint-Félicien ont pu faire entendre
leurs arguments et obtenir gain de cause grâce à une unanimité
sans faille transcendant toutes les divergences dont nous n'avons pas
su, pour notre part, nous dépêtrer, la triste expérience du Val
d'Ay, peut-être la seule intercommunalité de France à sortir plus
petite (amputée de Quintenas et Ardoix) qu'elle n'était entrée dans cette phase de « regroupements »
imposés, rappelle que les populations ont encore subi, après la
mascarade des agrandissements des régions, une énième réforme
territoriale mal pensée, mal préparée et exécutée dans
l'urgence, le boniment, la tromperie et l'opacité. Oui, circulez, y a rien à voir!
Nous
en serons donc les victimes, au 1er janvier 2017.
D'ici là, nous
nous verrons pour mettre en place un comité de vigilance afin de ne
pas se laisser emmener là où nous ne voulons surtout pas aller,
pour pointer les éventuels dysfonctionnements, ne pas subir sans
réagir, se faire entendre et intervenir. Et pour échafauder un plan
B, celui qui nous permettra, à terme, d'échapper au destin
incontrôlable que l'égoïsme de nos exécutifs, la complaisance de trop d'élus, le non-respect de leur mandat et l'aveuglement de tant d'autres nous promettent.
Nous
aurons l'occasion de rediscuter, à la rentrée, des conséquences de
ce choix qu'on nous inflige, des options pour en atténuer les effets
néfastes et des éventuelles portes de sortie qu'on pourra dégager.
En
attendant et malgré cette inévitable mauvaise nouvelle, profitez de
l'été, de la légèreté du mois d'août et de cette courte
parenthèse d'insouciance.
Et
revenez gonflés à bloc.
Ils
n'auront pas notre liberté de penser et d'agir. Notre liberté de
citoyens. Jamais.
Bien
à vous.
Patrick
Lafayette.