Je vous écris d'abord depuis le TGV
qui me ramène vers l'Ardèche un peu avant l'horaire
initialement prévu, histoire d'être présent ce vendredi soir au
conseil municipal de Châteauneuf. Quand je mettrai ce texte en
ligne, ce conseil aura voté, probablement dans le bon sens...
Je profite donc de ce moment de
transport pour vous faire part de quelques réflexions qu'il me
semble bon d'apporter au débat que notre action a initié.
Me concernant d'abord (et je vous
présente mes excuses de devoir parler un peu de moi), dans la mesure
où pas mal d'interrogations sur mon compte me reviennent, je
voudrais clarifier les choses.
- Contrairement à ce qu'ont pu avancer certains de ceux qu'on bouscule, mon action n'a aucune motivation ou visée politique. Même si, de fait, elle me plonge dans l'action publique, et si je n'en éprouve aucune honte, c'est bel et bien à mon corps défendant. Je préférerais jouir paisiblement de notre maison de Châteauneuf et couler des jours tranquilles entre la gestion de ma fin de carrière professionnelle et les plaisirs que nous offre notre campagne. Mais, en découvrant cet « enfant dans le dos » qu'étaient en train de nous faire certains élus, en me heurtant à l'indifférence agacée et condescendante de Martine Finiels devant nos légitimes questions, je n'ai pu contenir les réflexes citoyens qui ont toujours jalonné mon existence. Pour information, je ne suis ni encarté ni affilié à un parti, j'ai été un modeste et anonyme compagnon de route de Jean-Pierre Chevènement au moment de son refus d'engager la France dans la guerre en Irak et de voter le traité de Maastricht et j'avais, plus jeune, côtoyé les équipes de Rodolphe Pesce quand il était maire de Valence. Je ne regrette rien de tout ça. Pour information aussi, j'ai voté pour Martine Finiels aux dernières cantonales (rebaptisées « départementales » pour faire moderne et surtout charcuter la carte des circonscriptions afin d'imposer des binômes et, sous prétexte de parité, faire encore le jeu des partis). Là, en revanche... Ma main, aujourd'hui, me brûle! Voilà pour mon « passé » et mes accointances en la matière. Et ceux qui me prêtent des intentions électorales (je préparerais, selon une insistante rumeur, ma candidature aux législatives!) me confortent dans l'idée que certains, décidément, ne savent penser qu'en termes de carrière politique. Signe évident que le désintéressement et la défense de l'intérêt général ne les effleurent même plus.
- Mon but n'est que de réveiller les consciences et signifier à ceux qui dirigent nos collectivités qu'ils ne peuvent pas faire comme bon leur semble, en fonction de visées partisanes ou personnelles : les élus passent, les majorités changent mais leurs choix demeurent! Leurs âneries aussi! Et ce sont les administrés et contribuables qui en paient ensuite la note. Je n'ai aucune envie que le Pays de Vernoux, que j'ai choisi pour a priori passer une retraite – encore hypothétique ! - agréable aux côtés de mon épouse, soit envoyé dans une direction opposée à celle que souhaitent ses habitants pour de simples motifs politiciens et au détriment de l'avenir de notre territoire.
- La question de ma légitimité a également été soulevée. Oui, bien que natif de la Drôme et ayant souvent séjourné à Alboussière dans mon enfance, j'ai passé l'essentiel de ma vie professionnelle à Paris. Et alors ? Je suis aujourd'hui installé à Châteauneuf, j'ai choisi ce joli coin, et même si j'effectue, comme aujourd'hui, de fréquents allers-retours vers la capitale, j'y suis engagé dans la vie associative et citoyenne et j'aime notre plateau où ma femme et moi sommes heureux et fiers d'entretenir contacts et amitiés. Et au moment où le pouvoir et, à travers lui, le régime sont contestés tous azimuts, quand la démocratie représentative vit sa plus grave crise d'après-Guerre, avec des gouvernants incapables d'écouter et comprendre les difficultés et demandes de la population, je me sens parfaitement fondé à mener ce combat pour nous faire entendre. La preuve : parmi nos 252 pétitionnaires (et beaucoup plus, si l'on tient compte de tous les gens peu familiarisés avec Internet), une foule de gens du cru, Ardéchois pur jus, qui soutiennent et amplifient notre initiative. Et notamment des élus solidement implantés et parfaitement réalistes (vous les reconnaîtrez), depuis longtemps au service de leurs villages respectifs (à Vernoux, Châteauneuf, Saint-Apollinaire, Saint-Jean Chambre...), qui me font l'honneur et le plaisir de m'accorder une belle confiance. Voilà, j'ai parlé de moi, qui peux également m'appuyer sur Farah, ma compagne de vie et mon soutien au quotidien, histoire d'éclairer la lanterne de ceux, les plus nombreux, qui me connaissent peu. Après, au fil des rencontres et des échanges, nous verrons bien comment vous apprécierez mon action et mes positions. Je suis ravi d'être porte-parole de ce sursaut face à une forme de renoncement fataliste généralisé. Mais je n'ai pas vocation à imposer mes vues, bien au contraire !
Je vais désormais, et c'est le plus important, vous donner les
dernières nouvelles du front et elles ne sont pas à l'avantage de
nos adversaires sur ce dossier.
Les délibérations négatives, souvent
surprenantes à leurs yeux, s'étant additionnées ces derniers
jours, leur pression s'intensifie. Exemple : cette réunion,
jeudi dernier à Privas, des présidentes et des vice-présidents de
la CAPCA et de la CC du Pays de Vernoux, pour envisager l'avenir
commun des deux entités : « Tout continue comme si le
vote était positif », nous a confié un des participants. Quel
aveu scandaleux : les dirigeants en place nient le processus
démocratique mis en place pour valider ou contester le schéma
préfectoral, accréditant l'idée qu'il s'agit d'un simulacre et que
l'Etat, manifestement, s'en contrefiche et n'en tiendra jamais
compte ! C'est une confiscation des droits des électeurs et
de leurs représentants : « Votez, votez braves gens !
Nous ferons quand même ce que nous voulons... » Quel
message cette attitude méprisante nous renvoie, au moment où la
contestation de ces méthodes autoritaires est au plus haut dans
l'opinion et dans la rue ! Nous dénoncerons jusqu'au bout ce
passage en force.
L'argument majeur (le seul en
vérité...) que Martine Finiels et Michel Delarbre avaient asséné
lors de la dernière réunion de la CC Pays de Vernoux s'est écroulé
d'un coup... Ces deux tenants du mariage contre nature parlaient d'un
« appel du pied » et « d'un climat propice » à
notre accueil au sein de l'agglomération privadoise, « où
nous pourrons continuer à faire vivre et développer nos projets » avaient-ils dit. Le vote négatif la part des conseillers de la CAPCA,
accompagné de commentaires d'une grande défiance, fait voler en
éclat leurs affirmations : on ne veut pas de nous à Privas,
c'est désormais établi. Alors que notre exécutif n'a envisagé aucune alternative et n'a pris aucun contact avec Rhône-Crussol ou le Pays de Lamastre pour envisager
les conditions d'un rapprochement... La présidente et ses
proches nous ont donc envoyé dans le mur. Bonjour l'ambiance si le
Préfet maintient cette union rejetée par les deux parties
concernées !
Notez au passage que, pour son éventuel
« passer-outre », le Préfet aura besoin de l'aval de la
CDCI, la commission ad-hoc, ce qui n'est pas acquis d'avance dans la
mesure où elle semble de moins en moins se contenter d'être une
chambre d'enregistrement. Les (bonnes) surprises ne sont peut-être
pas finies...
Enfin, parmi les infos peu
réjouissantes, notons que le départ de La Voulte du siège de
l'entreprise Reyes (en dehors des emplois localement menacés) fait
perdre 35 000 euros de recettes fiscales à la CAPCA. Au moment où
ses compétences et ses charges s'accroissent, avec notamment la mise
en place de la fameuse taxe « VT » (« versement
transports »), ce n'est pas une bonne nouvelle pour la
communauté qui nous est promise !
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Après le TGV, le car !
1,20 euros au départ de la gare de Valence, pour rejoindre Vernoux.
Combien de temps Citea et l'agglomération de Valence-Romans
vont-ils financer une ligne vers un territoire qui décide de lui
tourner le dos ? Une simple question en passant...
Et après le car, le conseil municipal
de Châteauneuf. Avec une position ferme et tranchée du maire,
Christian Alibert, et de la plupart de ses conseillers : neuf
voix contre, deux pour et une délibération qui reprend une partie
des critiques émises par Mathieu Darnaud, rapporteur de la loi NOTRe
au Sénat. Avec pour conséquence, une majorité de communes du
Pays de Vernoux (quatre sur sept) qui refusent le schéma
préfectoral, et ce quel que soit le « non résultat »
de Saint-Julien le Roux où, pour éviter les aléas d'un débat, la
délibération ne serait pas mise à l'ordre du jour...
A Châteauneuf en tous cas, grâce à
l'appréciable esprit d'ouverture des élus, une discussion a pu
s'engager en fin de séance, où chacun, conseiller municipal ou simple citoyen, a
pu faire valoir ses arguments. Même si ceux des partisans du « oui »
à la CAPCA n'ont pas été avancés longtemps, leur principal tenant
ayant préféré s'éclipser rapidement... Non sans nous avoir
confirmé auparavant que des problèmes de personnes empêchaient les
rapprochements (et même les contacts!) entre la socialiste Martine
Finiels et les présidents, plutôt marqués à droite, de Rhône
Crussol et du Pays de Lamastre. Une donnée inacceptable sur nos
plateaux : lorsqu'il s'agit de la vie locale, qui plus est en
zone rurale, un élu qui ne sait pas dépasser les clivages
politiques est un mauvais élu ! Et cela vaut aussi bien pour
Madame Finiels et son proche entourage que cela vaudrait pour Jacques
Dubay et Jean-Paul Vallon s'il s'avérait que ceux-ci refusent tout
dialogue !
Confortés dans nos positions, nous
avons cependant appris que les opposants au sein de la CAPCA,
pourtant majoritaires depuis le dernier scrutin interne, n'ont pas
émis la moindre objection au lancement d'une étude (moyennant plus
de 100 000 euros!) pour préparer l'intégration du Pays de Vernoux
et l'unification des compétences des deux entités. Alors que
celle-ci n'est encore ni votée ni actée. Hé ! Oh !
Réveillez-vous !
Voilà en tous cas qui révèle le peu
d'importance que les trente-cinq communes qui vont nous annexer
accordent à cette absorption : elle paraît bien peu les
concerner. Et qui rend extrêmement inquiétant le fait de rejoindre
une communauté dont les représentants sont si peu soucieux des
deniers publics !
Parmi les premiers effets négatifs
probables du mariage voulu par le Préfet, deux ont été soulignés
vendredi soir à Châteauneuf :
- La piscine de Vernoux, équipement structurant d'une très grande importance pour notre population, serait plus que menacée, n'ayant quasiment aucune chance d'être considérée d'intérêt communautaire (aucune installation sportive de Privas ne l'est!) et d'ainsi passer sous la compétence de la CAPCA. La mairie de Vernoux a toute chance de se retrouver seule à en supporter la charge (avec, au mieux, une très insuffisante compensation...), ce qui signifie, compte-tenu des frais de fonctionnement et de l'indispensable rénovation, un gros risque de fermeture à moyen terme. Avec toutes les conséquences dommageables pour les usagers, les élèves, les clubs sportifs, la jeunesse en général et sur l'emploi.
- Le ramassage des ordures : il y a très peu de chances que le SICTOMSED, ce partenariat organisé entre Le Cheylard et Vernoux, obtienne une délégation pour continuer la collecte des déchets ménagers. Celle-ci reviendra sans doute intégralement aux services de la CAPCA. Avec, là encore, un impact prévisible sur les personnels qui assurent ce ramassage actuellement. Et, à terme, des doutes sur le maintien de la fréquence des tournées et le nombre de bacs mis à disposition.Ce ne sont que deux exemples qui annoncent d'autres soucis du même ordre. En s'unissant sous la contrainte dans des délais aussi serrés, on signe un chèque en blanc sur l'avenir. Cela serait valable avec n'importe quel partenaire, mais celui qu'on veut nous imposer offre de sérieux motifs d'inquiétude...Rien n'est perdu. Notre combat doit continuer jusqu'à ce que l'Etat et son représentant entendent raison.Haut les cœurs !
Patrick Lafayette