dimanche 1 mai 2016

La comédie de Vernoux

Olivier Chastagnaret en renfort...

MERCI DE BIEN LIRE LES DEUX NOTES AJOUTéES EN FIN D'ARTICLE.

Bonjour à tous.

Et un grand merci à ceux qui ont exercé leurs droits et devoirs citoyens en se rendant nombreux (une bonne vingtaine) au conseil municipal de Vernoux vendredi soir.

Nous étions donc une belle chambrée pour assister, muets (le règlement ne nous autorisait pas à faire la claque, dommage...), à cette parodie de débat démocratique qui semble tant divertir Martine Finiels, maîtresse dans l'art de mettre son assemblée sous coupe réglée. Récupérer la compétence de la scène Rhône-Alpes de Privas, promise à la CAPCA, ne sera donc qu'une (coûteuse, cependant...) formalité pour la tête d'affiche et autoproclamée régisseuse du théâtre de Vernoux...
...devant un public sage et déterminé.

Le scénario était écrit, la fin connue d'avance mais l'interprétation de qualité a largement sauvé la pièce. Jean-Pierre Maisonniac a hardiment tenté de donner la réplique, il a poussé notre Réjane à sublimer son rôle de composition pour finalement s'en dépouiller et laisser affleurer sa vraie nature autocratique. La comédie a alors atteint son acmé, nous laissant subjugués et admiratifs: pas étonnant que sa principale actrice brûle désormais les planches au plus haut niveau départemental!

Et même si l'opposition a rempli sa fonction, même si deux de ses ex-aficionados (les Gérard, courageux critiques) ont marqué leur désenchantement d'une double abstention, sa facilité à écarter tout suspense en flinguant, d'un simple regard glacial, la moindre ébauche de processus démocratique l'a conduite triomphalement au happy - and fast - end qu'elle s'était assigné: oui, le Pays de Vernoux, soumis et à reculons, catalogué territoire croupion, zone rurale déshéritée qu'elle-même et l'un de ses fidèles se sont efforcés de dépeindre, s'offre, penaud et repentant, déjà heureux de trouver une terre d'accueil, à cette annexion par la CAPCA aux allures de capitulation en rase campagne.
Quand vos élus en sont réduits à convaincre que personne ne veut de vous et de vos tares congénitales, qu'ils vous emmènent vers "la moins mauvaise des solutions", ils font aveu de renoncement. Sans confiance en leur terroir, leur mandat en perte de crédit, ils étalent une triste incapacité à transformer ce regroupement imposé en projet constructif et ambitieux, faisant mine de simplement choisir la sauce à laquelle il faut se résigner d'être mangés.

La prestation offerte en prime time par Madame Finiels et quelques seconds rôles fut d'une si haute volée qu'on en oublierait toutes les erreurs et assertions fallacieuses dont la vedette a truffé son texte. Maintenant que le rideau est retombé (jusqu'à la prochaine représentation, ce lundi 9 mai, 20h30, à Silhac devant la com-com), et bien qu'elle restera en course, malgré ces bémols, pour les Césars de la meilleure adaptation, du meilleur montage, du meilleur court métrage d'animation et du meilleur espoir féminin, permettez-nous d'en rectifier quelques-unes sans risque de beaucoup nuire à la carrière programmée de notre idole d'un soir...

- "Nous n'allons pas revenir en détail sur cette fusion dont nous avons déjà beaucoup débattu."
Alors qu'on multiplie les concertations publiques afin de choisir la couleur des gravillons et l'emplacement des bancs pour l'aménagement de la place du Temple, pas un mot, pas une seule réunion avec la population pour l'informer et débattre d'une décision aussi cruciale pour son avenir! Pas même la lettre d'explication - "la feuille de chou", avait élégamment précisé l'impétrante - qu'elle promettait de faire glisser dans toutes les boîtes aux lettres, à l'occasion de la cérémonie des voeux, en janvier dernier. Quant au conseil municipal, il a eu droit à quelques phrases toutes faites mais aucun dossier cohérent et prospectif sur le sujet. La question aurait déjà été "évoquée" par Madame Finiels lors de sa campagne municipale de 2014 et cela l'autoriserait à décider aujourd'hui sans demander quitus aux électeurs et contribuables.
Quelle considération manifeste Madame le maire pour ses administrés! Au point qu'elle a fait ajouter la délibération sur la fusion avec la CAPCA à l'ordre du jour du conseil municipal de vendredi dernier en toute dernière minute et en catimini, sans en aviser la presse (*) et sans même l'afficher (contrairement à ce qu'impose la loi) en mairie! Aucun habitant de Vernoux ne pouvait (et, sans doute, ne devait!) être au courant que ce vote de première importance allait intervenir ce soir-là. Cette absence de toute publicité suggère bien qu'il y a un loup et que Martine Finiels veut surtout en dire le moins possible, que ses arguments et motivations ne sont pas convaincants et guère avouables.

- "Aller à Privas, c'est de bonne politique, le meilleur choix politique, politique au noble sens du terme!".
Aller à Privas, c'est surtout sa seule issue politique, la seule solution pour se garantir à court terme un avenir personnel, préserver son standing et ses avantages: il lui serait impossible, évidemment, au vu des majorités qui sont installées à Rhône Crussol ou à Lamastre, d'y briguer un poste éminent et les indemnités qui vont avec.
Aller à Privas, c'est le meilleur choix politique... dans le seul intérêt de Madame Finiels! C'est la pire destination pour le Pays de Vernoux, comme le ressent instinctivement chacun d'entre nous, et comme l'attestent tous les arguments que j'ai pu développer dans les articles précédents de ce blog. C'est un choix de bonne politique... politicienne!

- "Je peux vous assurer que les maires d'Alboussière ou de Boffres regrettent d'être intégrés à Rhône Crussol où il ne bénéficient d'aucune considération!"
Pourtant, à aucun moment ces élus ne se sont plaints de leur situation et n'ont regretté la décision de tourner le dos à un Pays de Vernoux qui, en toute logique, aurait dû les accueillir (**). Jamais ils n'ont manifesté depuis l'envie de faire le chemin inverse et nous rejoindre. Et ils semblent très à l'aise et écoutés dans une communauté à taille beaucoup plus raisonnable (13 communes contre 35 pour la CAPCA!), dans laquelle nous aurions pu renforcer encore un pôle "plateau" déjà important (Boffres, Alboussière, Champis, Saint-Sylvestre, Saint-Romain de Lerps) et apporter de la valeur ajoutée à une identité propre et déjà reconnue: pour simple exemple, parmi les plus récentes attributions de Rhône Crussol, la reconduction d'une subvention de 176 000 euros, par exemple, à une association d'Alboussière, La Tribu, qui gère le contrat "enfance-jeunesse" passé avec les cinq communes "d'en haut".

- "Nous aurons des convergences avec Privas et son bassin, composé de petites structures à notre échelle et notre image, une même façon d'aborder les dossiers et les meilleures chances de préserver notre identité et notre ruralité. Voulez-vous que nous allions nous noyer, à terme, dans la grande agglomération Valence-Romans?"
Rappel: la CAPCA est une communauté d'AGGLOMéRATION (44 200 habitants dans sa configuration annoncée), avec toutes les perspectives concédées à ce rang et cette appellation (charges de centralité forcément accentuées, même artificiellement, en faveur de Privas) et une place forcément congrue à la "ruralité".
Deuxième rappel: Rhône Crussol est une communauté de COMMUNES qui, en incluant le Pays de Vernoux, en compterait vingt, dont une majorité de douze "rurales" (pour 35 700 habitants); Rhône Crussol, en renforçant son identité ardéchoise avec l'intégration des communes du Pays de Vernoux (et pourquoi pas, à terme, celles du Pays de Lamastre, en peine, elles aussi, de trouver un mariage qui leur convienne...), résisterait mieux à l'inévitable attraction vers Valence et finirait par l'intégrer en faisant valoir un poids supérieur et en marquant son caractère et sa différence ; et franchement, plutôt que nos élus aillent discuter de l'opportunité d'une subvention au pôle petite enfance de Chomérac, en faveur de la salle des fêtes d'Alissas ou au "pôle ludique, culturel et sportif" (sic) de Veyras, on préférerait qu'ils destinent nos impôts à l'extension des zones d'activité de Guilherand-Granges, aux actions de soutien à la création d'un troisième franchissement du Rhône au nord de Valence ou à l'accompagnement du projet de lycée à Saint-Péray, autant de dossiers qu'appuie Rhône Crussol: cela pourrait apporter au Pays de Vernoux des opportunités d'emploi nouvelles et à proximité, une bien meilleure irrigation économique grâce à une liaison plus directe avec Rovaltain et la gare TGV, et une scolarisation bien plus pratique pour nos futurs bacheliers... Et si demain, notre argent servait à aménager des structures valentinoises voire romanaises, celles-ci nous seraient encore bien plus accessibles qu'au fin fond de la CAPCA... Et, pour tout dire, on aura moins de mal à verser quelques euros pour le château et la fête de Crussol ou la station d'épuration de Ponsoye que pour les navettes urbaines de Privas ou le club de handball du Pouzin.
Troisième rappel: l'avenir de la piscine de Vernoux s'écrit désormais en pointillés, la CAPCA ayant classé les équipements sportifs parmi ses compétences optionnelles; son entretien et son indispensable rénovation risquent donc de revenir à la seule charge de la commune...
Et enfin, et surtout : n'est-il pas patent qu'un rapprochement structurel avec Rhône Crussol aurait un impact beaucoup plus fort et naturel sur le tissu économique vernousain?

- "Il ne faut pas confondre zone de chalandise et logique de bassin: il est finalement bien plus pertinent de s'associer avec Privas qu'avec la banlieue valentinoise".
Cette sentence d'une portée technocratique majeure, sans aller jusqu'au ridicule du Préfet, qui affirme que "la CDC Pays de Vernoux appartient à la même zone d'emploi que la CAPCA" et que "la liaison routière entre les deux structures est relativement aisée", est d'une ahurissante nouveauté: il y a quelques années seulement, après une convaincante visite sur le plateau d'Alain Maurice, alors maire de Valence, l'ensemble des élus du pays vernousain s'accordait à penser que son avenir s'écrirait vite et mieux dans la vallée du Rhône, au-delà de la côte du Pin, et non du côté de celle de l'Eyrieux et de l'Ouvèze, pas même évoqués...
Mais c'était l'époque où la municipalité valentinoise (et sa communauté d'agglomération) et celle de Vernoux étaient du même bord...
Politicaillerie, quand tu nous tiens... tu nous offres le spectacle à la fois édifiant et déplorable du conseil municipal de Vernoux. Modèle de manipulation à la papa (à la mamma?) inacceptable et indigne des enjeux et prises de conscience d'aujourd'hui.

E' finita la commedia! Sans la claque, quel dommage!
Que tombent enfin les masques.

Bien à vous.

Patrick Lafayette

(*) Christian Prost, le correspondant du Dauphiné Libéré, m'a contacté ce lundi 2 mai pour me dire qu'à la suite d'un problème de connexion Internet, il n'avait pas eu connaissance à temps de la modification de l'ordre du jour. Mais celui-ci lui aurait bien été envoyé par mail par la Mairie de Vernoux. Dont acte. 
(**) Une mauvaise interprétation de mon propos a pu faire croire que Boffres et Alboussière se réjouissaient de ne pas avoir été intégrées au Pays de Vernoux. Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire: Boffres et Alboussière, contraints de se tourner vers Rhône Crussol faute d'accord avec Vernoux à l'époque, ne se sentent pas mal du tout dans la com-com de Saint-Péray et Guilherand-Granges. Ce qui ne signifie absolument pas qu'elles s'opposeraient aujourd'hui à un rapprochement avec le Pays de Vernoux, bien au contraire... 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire