Les deux réunions
publiques organisées ce jeudi 24 novembre, à propos de la fusion
CAPCA/Pays de Vernoux, ont connu un beau succès public. Nombreux ont
été les citoyens à venir s'informer auprès des élus et leur
poser leurs questions. Nombreux ont-ils été aussi à en ressortir
déçus, sans que le chemin sur lequel on nous pousse en soit
éclairé.
Franchement, au moment de
me mettre au clavier, j'étais un poil désabusé, prêt à vous
écrire : « Tout ça pour ça ! » Et puis à la
réflexion, après quelques coups de fil amis et de soutien, après
quelques visites d'encouragement, je me suis dit que nous avions fait
œuvre utile. A l'efficacité encore hypothétique voire douteuse,
mais utile.
Oeuvre utile dès 18
heures, salle sous la Poste, où les débats ont été menés
rondement, compte-tenu du peu de temps disponible.
Quatre vice-présidents de
la CAPCA, Emmanuelle Riou (1ère adjointe à La Voulte), Michel Valla
(maire de Privas), François Veyreinc (maire de Lyas), Alain Sallier
(maire de Chalencon) et un conseiller communautaire, François Arsac
(maire de Chomérac), avaient répondu à notre invitation.
Et c'est ce dernier qui
fut d'ailleurs, grâce à la liberté de parole que lui offre sa
position en dehors de l'exécutif, le plus direct, le plus offensif
dans son propos, confirmant ce que nous dénonçons depuis des mois:
"Ce mariage est une simple opération de politique politicienne
qui ne tient absolument pas compte des intérêts des habitants des
deux entités." Des propos approuvés et illustrés de nombreux
exemples par l'ensemble des élus de la CAPCA, unanimes pour
regretter "cette union à la hâte, sans concertation et
contre-nature" que presque tous avaient d'ailleurs rejetée: il
faut rappeler que le conseil d'agglomération avait majoritairement
voté contre le projet du Préfet, un vote à portée simplement
consultative malheureusement...
En vrac, on a appris ou
vérifié que les finances et les moyens de la CAPCA, ce n'est pas
brillant... Que les projets de la CAPCA, ça ne va pas très loin...
Que la CAPCA est une construction artificielle et tentaculaire. Qu'à
peine élargie et formée (en 2014), elle est déjà re-formée et
encore agrandie, à peine en ordre de marche et déjà obligée
d'absorber en toute hâte un voisin qu'elle n'avait pas choisi. Que
ses dissensions internes sont réelles, palpables et permanentes et,
du coup, paralysantes, surtout avec cette nouvelle bataille pour la
majorité qui s'engage, incertaine, à l'occasion de la nouvelle
élection du bureau (le 21 décembre) que cette fusion impose.
Bref, notre arrivée va
encore attiser la guerre des clans, avec l'irruption d'une Martine
Finiels plus politique que jamais en cette période où elle essaie
de conforter ses positions quand son camp en est réduit, pour sa
part, en apnée, de sauver ce qui peut l'être... Confirmation :
nous débarquons dans un panier de crabes. Et l'apaisement ne semble
pas encore à l'ordre du jour.
Dans ce tableau
inquiétant, certains propos ont cependant tendu à rassurer, comme
ceux de Michel Valla, qui a expliqué que la balance entre Privas et
les communes rurales restait plutôt favorable à ces dernières,
malgré les charges de centralité que la ville-siège espère faire
partager. Ou encore les réponses d'Alain Sallier aux inquiétudes
concernant le tourisme local, dont l'organisation et la promotion ne
devraient pas être affectées par ce changement d'échelle et de
statut.
Mais pour le reste, les
informations glanées nous incitaient plutôt au pessimisme avant
notre débarquement, en masse et à 19 heures, à la salle du Lac.
Là, oeuvre utile encore,
mais changement de ton, évidemment! La présidente de la CC Pays de
Vernoux, le vice-président de la CAPCA, Didier Teyssier, puis la
présidente Laetitia Serre ont tenté de juguler la grogne en
l'arrosant d'un jet sirupeux, ce langage souvent hermétique, verbeux
et maniéré ("nous allons travailler en lien avec les acteurs
du territoire" plutôt que "nous allons associer la
population" – il serait temps !) qui accompagnait un
interminable exposé truffé de sigles et de termes techniques
incompréhensibles aux non-initiés. Il s'agissait de montrer qu'on
est à la tâche, qu'on y met du cœur mais que c'est complexe et
inaccessible au simple quidam. Il s'agissait surtout de soûler
l'auditoire avec ce diaporama abscons dont Martine Finiels ânonnait
le moindre mot au micro ! Objectif largement atteint quand le
public eut ainsi compris que l'on assisterait à un dialogue de
sourds : d'un côté la caste savante, embarquée dans des
explications fumeuses pour faire accroire qu'il y a un projet
derrière ces intentions aussi vagues que creuses, aussi
incantatoires qu'indéfinies et incertaines ; de l'autre le
petit peuple, inquiet pour l'avenir de son territoire, de ses
équipements et de... son portefeuille, qui tentait de ramener ses
interlocuteurs vers les questions concrètes de son quotidien. Sans
jamais obtenir de réponse claire et nette. Et pour cause : le
contrat de mariage est signé au bas d'une page blanche puisque rien
n'est acté et que tout sera négocié, à la petite semaine,
ultérieurement. Selon un rapport de force (7,6% de la population,
11,4% des délégués) qui n'est pas vraiment en notre faveur. Quid
de la piscine, de la maison de santé, de la fiscalité ? Un
grand flou. Avec, à propos des impôts, ce 0,71 mensonger sorti
de son sac par Mme Finiels : vous avez compris, comme l'ensemble
du parterre, que ce serait 0,71% ? Grave erreur !!! Il
s'agit d'un coefficient et pas d'un pourcentage. Ce 0,71 se traduit
par plus de 7% d'augmentation !!!* Voilà comment utiliser le
jargon pour endormir le contribuable...
Et avec deux remarques au
passage : Emmanuelle Riou, qui avait fait l'effort de
participer aux deux réunions, n'a même pas été invitée à la
table des élus par Mmes Finiels et Serre, alors qu'elle est
vice-présidente de la CAPCA... en charge des finances ! Son
départ bien avant la fin en a dit sans doute très long sur son
humeur devant ce boycott de sa parole et de son expertise, elle qui
aurait pu avoir des propos libres et indépendants, donc dérangeants
pour les présidentes en place.
Dans ce fatras
d'incompréhension et de maquillage des réalités, pas moyen de
repérer une quelconque dynamique, un espoir d'avancée, une lumière
à l'horizon. Comme l'a dit Roland Fernandez : « Nous ne
sommes pas inquiets pour le social, les anciens, la petite enfance,
les démunis... Le social, vous savez faire ! Mais l'économique
bon sang, l'économique qui devrait être votre priorité !! »
L'économique, on lui tourne le dos en s'orientant vers Privas...
Pourtant, le développement
économique est officiellement la première compétence obligatoire
dans la liste de celles qui incombent à une intercommunalité. Là,
preuve de l'intérêt qu'elle suscite, elle est confiée à un élu
qui a fait carrière comme.... contrôleur de l'URSSAF !!! Pas
vraiment le bon VRP pour attirer les entreprises ! Comme si on
choisissait un épouvantail pour attirer les oiseaux ! A
croire qu'ils le font exprès, que la provocation est devenue la
seule pirouette à opposer aux difficultés.Plus on fait
d'économique, moins on a à faire de social ! Mais on a eu
l'impression d'assister à un concert, en sourdine, du « Mala
Vista Social Club »...
La seule alternative
consiste à rebattre les cartes de la gouvernance à la mi-décembre
(la date ne semble pas définitivement fixée), lors de l'élection
du nouvel exécutif. Ces clés-là sont dans les mains des élus de
notre Pays de Vernoux. Je le leur ai dit et je vous le répète :
si les gens de la CAPCA sont montés jusqu'à nous, c'est d'abord
parce que vos voix les intéressent... La seule force de nos huit
représentants, c'est qu'ils peuvent faire et défaire les majorités.
Qu'ils sachent préserver ce privilège en ne se donnant à personne
et en ne suivant, dans leurs choix, que l'intérêt de notre plateau.
Nous suivrons les délibérations de très près et c'est à cette
capacité d'indépendance que nous jugerons leur action et les
accompagnerons de notre confiance.
Les semaines qui viennent
sont cruciales pour prendre la voie d'un minimum de dynamisme au
détriment de celle d'une inévitable stagnation et du ronron sans
perspective motivante que l'on voudrait nous imposer.
Nous serons vigilants.
Merci à tous de votre
participation et de votre soutien.
Patrick Lafayette
(*) On nous objectera
sans doute que si la « neutralité fiscale » est votée,
elle nous préservera d'une telle envolée, au moins dans
l'immédiat . 1. Cette « neutralité fiscale » (qui
passe par l'acceptation de certaines communes à payer un peu plus
que les autres) doit d'abord être votée à l'unanimité des
conseils municipaux, et ce n'est pas acquis ; 2. Si elle est
votée, elle s'accompagne de concessions financières, notamment en
termes de « charges de centralité », qui, au final,
valent augmentation... Mais je vais éviter d'entrer dans ce dédale
technique, nous vous détaillerons ça si les circonstances...
l'imposent !